gnation, et où je recherche presque malgré moi un remède à mes maux. S’abandonner à la volonté de Dieu est si facile lorsque l’expérience vous prouve chaque jour que vous ne pouvez rien de bon ! Mais on finirait par recevoir amoureusement comme des grâces, les humiliations et les revers qui ne sont simplement que les fatales conséquences de notre bêtise. L’immense service que me rend ce journal est de me forcer à dégager la part qui me revient de tant d’amertumes. Et cette fois encore, il a suffi que je posasse la plume sur le papier pour réveiller en moi le sentiment de ma profonde, de mon inexplicable impuissance à bien faire, de ma maladresse surnaturelle.
(Il y a un quart d’heure, qui eût pu me croire capable d’écrire ces lignes, si sages en somme ? Je les écris pourtant.)
♦♦♦ Je me suis rendu hier matin au château comme je l’avais promis. C’est Mlle Chantal qui est venue m’ouvrir. Cela m’a mis en garde. J’espérais qu’elle me recevrait dans la salle, mais elle m’a presque poussé dans le petit salon, dont les persiennes étaient closes. L’éventail brisé se trouvait encore sur la cheminée, derrière la pendule. Je crois que Mademoiselle a surpris mon regard. Son visage était plus dur que jamais. Elle a fait le geste de s’asseoir dans le fauteuil où deux jours plus tôt… À ce moment, j’ai cru saisir dans ses yeux comme un éclair, je lui ai dit : « Mademoiselle, je ne dispose que d’un peu de temps,