mes libres, mais assez pour en porter le nom, pour être parfois tenus d’agir comme tels. Vous pensez que j’exagère ? C’est donc que vous n’avez pas connu les hommes de 1920, c’est donc que vous ne les avez jamais regardés. Rien qu’à les voir, on comprenait parfaitement ce qu’ils étaient, les fils d’une race dont le sang, depuis un siècle, s’était prodigieusement appauvri de ces substances mystérieuses, de ces hormones inconnues que les chimistes découvriront peut-être un jour dans les veines du dernier homme libre, avant que la médecine totalitaire l’ait rendu inoffensif par quelque futur ingénieux procédé de stérilisation… Je vous parle ici, comme on disait au temps du roman réaliste, d’une expérience vécue. En 1920, je venais de faire la guerre comme tout le monde, j’avais trente-deux ans, je savais écouter, je savais voir. Oh ! sans doute, je ne me faisais pas beaucoup plus d’illusion qu’aujourd’hui sur les prétendues Croisades de la Liberté, je ne pensais pas
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