Page:Bernanos - La France contre les robots.djvu/128

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En 1789, notre prestige spirituel était immense, on ne lui aurait trouvé rien de comparable depuis Athènes et Rome. L’étranger qui nous est resté fidèle nous aime exactement pour les mêmes raisons qu’il nous eût aimés cent cinquante ans plus tôt. La France de 1789 est encore présente partout — oui, partout présente, jusque dans les dernières villes brésiliennes, perdues dans la forêt naine et tordue, grouillante d’insectes ou de reptiles, le désert végétal que la saison sèche recouvre d’une espèce de toison grise et fauve qui a la même odeur que la bête… Je parle de ce que je sais. La France qu’on aime, c’est la France de Rousseau, la même France qui faisait l’orgueil de cette société dont Watteau est le peintre — à la fois si naturelle et si raffinée, si violente et si facile, d’esprit si lucide, de nerfs si fermes et pourtant si aisée à émouvoir de pitié ou de colère, à « toucher aux entrailles » — comme on disait en ce temps-là — aux en-