Page:Bernanos - Scandale de la vérité.djvu/53

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je le redis en vérité, tous ces raisonnements ne pèseraient pas lourd, s’il y avait une once de charité[1]. »

Des hommes comme Drumont ou Péguy n’ont rien de commun avec ce qu’on appelle aujourd’hui les gens de droite. Il a fallu l’affaire d’Éthiopie, celle d’Espagne, enfin la capitulation de Munich pour démontrer aux plus obtus que la généalogie de ces derniers est facile à dresser. Par-dessus quelques générations, ils remontent directement aux Cavaignac de l’Insurrection de Lyon, aux Thiers et aux Gallifet de la répression communarde. De quel droit M. Maurras ose-t-il toucher à Proudhon ? De quel droit l’héritier des anciens légistes centralisateurs qui, voilà quelques mois, allait présenter ses devoirs au bourreau de la Catalogne et du Pays basque, se recommande-t-il des libertés monarchiques ? Il n’est rien de plus éloigné de nos traditions que la dictature, et M. Maurras a contribué plus qu’aucun autre à créer chez les gens de droite une mystique mussolinienne. Qu’importent les

  1. Ch. Péguy : Notre Jeunesse.