Page:Bernanos - Sous le soleil de Satan, tome 2, 1926.djvu/179

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— Hélas ! précisait le curé de Luzarnes, j’ai payé jadis mon expérience assez cher ! Mon infortuné confrère a failli mourir devant moi d’une crise d’angine de poitrine, et vous en conviendrez tout à l’heure…

Ce disant, il marchait à grands pas sur la route de Lumbres, suivi du jeune médecin de Chavranches, au trot. Ce praticien encore imberbe, établi depuis peu de mois, jouissait d’une réputation professionnelle à peine au-dessus de ses mérites. L’aplomb de son bavardage, ses audaces de carabin et, par-dessus tout, son mépris de la clientèle, lui avaient gagné tous les cœurs. Nulle bourgeoise qui ne rêvât, pour sa demoiselle, un aveu de cette bouche insolente, et le secours de ses deux mains expertes, aussi capables que la lance fameuse de guérir les blessures qu’elles font. Pas un mourant qui