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SOUS LE SOLEIL DE SATAN

d’être marquée où fut donné le grand effort, tentée la plus folle espérance. Les anciens eussent considéré sans doute notre saint de Lumbres avec mépris ; mais une longue expérience du malheur nous a rendus moins sévères pour cette espèce de sagesse, un peu barbare, qui trouve dans l’élan même de l’action sa raison d’être et sa récompense. La différence est moins grande qu’on imagine entre celui qui veut tout étreindre et celui qui repousse tout. Il y a une grandeur sauvage que la sagesse antique n’a pas connue…

La belle voix grave de l’illustre écrivain resta comme perchée sur la dernière syllabe, tandis que son regard se fixait à l’angle du mur où le diligent Sabiroux promenait à ce moment la lumière de sa lampe. Dans une sorte de renfoncement, formé par l’arête extérieure du toit, une planchette grossièrement clouée supportait un crucifix de métal. Au-dessous, jetée sur le sol, dans le coin le plus obscur, une lanière repliée, de celles que les toucheurs de bœufs nomment « coutelas », aiguë à sa pointe, large de trois doigts à sa base, pareille à un plat serpent noir. Mais ni le crucifix ni le fouet ne retenaient le regard du maître. C’était, à hauteur