de mendier au plus près un conseil et un appui. Par bonheur, l’amour-propre engourdi le réveille toujours à temps de son mauvais rêve.
— Docteur, dit-il avec un sourire paternel, l’expérience vous fera connaître que les voyages ne peuvent plus former la vieillesse, mais seulement hâter sa fin. Avantage encore précieux ! Car, au dernier détour, lorsqu’un vieux bonhomme souhaite et redoute le petit faux pas qui le précipite au néant, un rien de brusquerie est quelquefois nécessaire.
— Le néant ! proteste poliment le curé de Luzarnes, voilà, maître, un bien gros mot ?
(Saint-Marin, par-dessus l’épaule du Chavranchais, considère une seconde son insupportable galant.)
— Qu’importe le mot ? fait-il. A-t-on le choix ?
— Il y a des mots si désespérés… si douloureux… s’écrie le pauvre prêtre, déjà pâlissant.
— Permettez, poursuit l’auteur du Cierge Pascal, je n’espère pas qu’une syllabe de plus ou de moins va me conférer l’immortalité !
— Je me fais mal comprendre, riposte le futur chanoine, enragé de conciliation. Sans doute, un esprit comme le vôtre se fait… de la