Page:Bernard - Brutus.djvu/68

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Toi ſeul auras ce nom ; & la force en redouble.
Mais encore une fois, parle. Quel eſt ce trouble ?
Répons, mon fils, répons à mes empreſſemens.

TITUS.

Trop indigne, Seigneur, de vos embraſſemens,
Même indigne du jour dont la clarté m’offence,
Depuis que j’ai perdu la gloire, & l’innocence,
Je dois…

BRUTUS.

Je doisHa Ciel ! je tremble. Expliquez ce ſecret.

TITUS.

Je viens pour vous l’aprendre ; & l’aurois déja fait,
Si par vôtre amitié, que j’ai peu meritée,
Et qu’encor un moment j’ai cependant goutée,
Vous n’aviez ſuſpendu l’aveu d’un crime affreux.
J’ai craint de vous porter un coup trop douloureux.
J’ai plus ſenti ma honte éprouvant vos careſſes.
Mon cœur à vos vertus comparoit ſes foibleſſes.
Je n’ai pû me reſoudre à vous dire, Seigneur,
Vôtre fils eſt un traitre. Il va vous faire horreur.
Du plus noir des forfaits il ſe trouve coupable.
Tarquin…

BRUTUS.

TarquinN’acheve pas. Dans l’horreur qui m’accable,
Laiſſe encore douter à mon eſprit confus,
S’il me demeure un fils, ou ſi je n’en ai plus.

TITUS.

Non, vous n’en avez point, il n’est pas tems de feindre.
Seigneur, aprenez tout pour n’avoir plus à craindre.

VALERIE.

Qu’aprens-je, juſtes Dieux ? quel revers impréveu ?

BRUTUS.

Implacable deſtin à quoi me reduis-tu ?