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VALERIE.

Et j’en ſuis cauſe !

TITUS.

Et j’en ſuis cauſeVous ?

VALERIE.

Et j’en ſuis cauſe VousJe ne puis plus cacher
Un ſecret que mes maux ont droit de m’arracher.
Aprenez qui vous perd, Seigneur, c’eſt Valerie
Sa folle paſſion, ſa lâche jalouſie,
Scachez que je vous aime, auſſi bien la pudeur
N’eſt plus intereſſée à cacher mon malheur.
Mon amour deſormais n’a plus rien qui le flatte,
Et c’eſt pour vous vanger que je veux qu’il éclatte.
Vous m’eſtiez deſtiné, mais une autre eut pour vous
Le charme trop fatal dont mon cœur fut jaloux,
De tout vôtre ſecret je me voulus inſtruire.
Je croyois que vos ſoins ne tendoient qu’à me nuire.
Je vous fais eſpier, Vindicius me ſert,
Va chez Aquilius, & tout eſt découvert.
Jugez du deſeſpoir où mon ame eſt plongée,
Je ne ſens plus l’aigreur d’une Amante outragée,
Des chagrins plus cruels viennent me déchirer.
Par moy ce que j’adore eſt tout preſt d’expirer.
Je prepare le fer qui doit trancher ſa vie,
J’excite ſes Boureaux, deteſtable furie,
J’allume le bucher qui le doit conſumer ;
Malheureuſe, voila comme je ſçais aimer.
Deteſte-moy, deteſte une ame furieuſe.
Vange-toy du forfait d’une Amante odieuſe.
Et me donnant la mort que j’ay ſçu meriter,
Préviens le coup fatal que je t’allois porter.

TITUS.

Ne vous repentez point, par vous Rome eſt ſauvée.