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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/45

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que ſes premiers tranſports furent ralentis, il ſongea à revoir Matilde & il lui confia ſon dépit, comme il lui avoit confié ſon amour. Elle apprit la nouvelle de cette infidelité, avec un plaiſir qu’elle avoit peine à ſe pardonner. D’abord elle voulut juſtifier ſon Amie, mais elle tiroit toutes ſes raiſons du merite de l’Amant, & non pas de la conduite d’Eleonor. Aprés tout il lui auroit eſté difficile de la défendre ; elle n’avoir point reçu de ſes Lettres, par l’ordre que la Ducheſſe y avoit mis, & le procedé qu’Eleonor paroiſſoit avoir tenu avec tous ceux qui prenoient intereſt à elle, étoit inexcuſable.

Matilde avoit des manieres tendres & flateuſes. Eleonor & le Duc l’avoient comme aſſocié à leur paſſion, & il n’avoit qu’un pas à faire pour l’aimer. D’abord il la cherchoit pour ſe plaindre, enſuite il la chercha pour ſe conſoler. Elle avoit beaucoup de complaiſance & de douceur ;