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Page:Bernard - Eleonor d Yvree.djvu/77

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le avoit pour lui. Quand elle fut rentrée, elle s’abandonna au deſeſpoir ; elle enviſagea l’horreur d’étre toute ſa vie à un homme qu’elle ne pouvoit aimer, & de ſe priver pour toûjours de ce qu’elle trouvoit de plus aimable. Son devoir lui parut trop foible pour un ſi grand effort ; ſa vertu chancela ; elle ſe dit qu’elle n’étoit point obligée d’entreprendre une choſe au delà de ſes forces, & cette penſée la flata pour quelques momens, mais elle ſentit bien tôt qu’elle ſe flatoit. Elle conceut qu’elle étoit maiſtreſſe de ſes actions, ſi elle ne l’étoit pas de ſes ſentimens, & qu’enfin elle pouvoit mourir, ſi elle ne pouvoit ſe conſoler.

Cette eſperance la ſoulagea en quelque ſorte. Il lui ſembla qu’elle ne ſupporteroit pas longtemps une ſi vive douleur, & qu’elle auroit la ſatisfaction de mourir pour ſon Amant. Elle demeura neantmoins fortement perſuadée, que pour ſoûtenir la re-