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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/111

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force quand il peut reſiſter au temps ; & moy, repartit la Reine, je croirois au contraire, que la conſtance viendroit plutoſt de la faibleſſe de l’Amant, que de la force de l’amour, il y en a dit-elle, qui n’ont pas le courage de changer, qui ſe font une habitude de leur paſſion, qui devenant tranquile approche aſſez de l’indifference & n’a plus que le nom d’amour, le plaiſir eſt plus grand d’avoir des ſentimens nouveaux : c’eſt ce qui fait que ſouvent la tendreſſe n’eſt douce que dans ſes commencemens ; il faut continua-t’elle vous défaire de cette fidelité ſi reguliere, vous eſtes fait d’un air à pretendre à plus d’une conqueſte ; ce n’eſt que ceux qui ſont mal partagez de ce qui peut plaîre, à s’en tenir à une premiere paſſion s’ils ſont aſſez heureux pour y reüſſir, ils ne doivent jamais ſe hazarder à une ſeconde, mais il eſt des gens tournez de maniere à avoir des deſſeins plus étendus. Federic reçeut fort civilement l’application qu’elle vouloit luy faire de ces paroles obligeantes, mais le diſcours de la Reine ayant un but particulier auquel il ne répondoit qu’en termes generaux, pourriez-vous profiter de ces