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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/124

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eſtoit allé au devant de la Princeſſe de Mantoüe, avec une partie de la Cour. Quelle funeſte nouvelle ! il ne pouvoit plus regarder ſon malheur dans cette veüe éloignée, qui le fait paroiſtre moins grand, il le voyoit preſt d’arriver, & comment ſe tirer d’une viſite que la Reine exigeoit de luy, ayant tant d’affaires dans l’eſprit, il fallut y venir cependant, mais il y vint avec une ſi grande triſteſſe, que la Reine luy demanda avec ſurpriſe, d’où venoit cette profonde melancolie. Elle vous doit quitter, luy dit-elle, puiſque voſtre diſgrace vous quitte, ah ! Madame, luy dit-il, à peine ſuis-je ſorty d’un embarras, que je rentre dans un autre. Je ſuis ſi accoutumé à cette longue ſuite de malheurs, que je veux m’accoutumer auſſi à les ſouffrir avec un viſage égal, je me ſuis fait une habitude de mes chagrins, qui me ſera du moins reçevoir indifferemment tout ce qui m’eſt encore preparé ; & verriez-vous voſtre bonne fortune auſſi indifferemment, luy dit-elle ; il eſt ſi hors d’apparence, luy repartit-il, que quand elle me feroit offerte, je ne la croirois jamais veritable, & je la refuſerois par cette raiſon. La