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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/137

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Federic qui n’eſtoit que pour elle, & que l’Amirale ne partageoit pas, eſtoit une douleur que juſqu’à lors elle avoit ignorée, & qu’elle eut loiſir de ſentir dans toute ſon étenduë. La viſite de la Reine l’étonna, mais ſa ſurpriſe augmenta cruellement quand elle luy tint ce diſcours ; allez remercier le Prince de Sicile de voſtre grace, c’eſt à luy que vous la devez, il vous rend libre en vous faiſant une infidelité pour la Princeſſe de Mantoüe. Camille ne vouloit point de liberté à ce prix, & la Reine ſortit ſans luy dire rien de plus. Comme en la brouillant avec Federic, elle luy oſtoit le fruit du ſervice qu’apparemment elle avoit voulu luy rendre, elle eſperoit s’attirer tout. Camille auroit mieux aimé demeurer dans le doute de ce qui ſe paſſoit entre Federic & l’Amirale, que d’avoir la certitude de ce qu’il reſſentoit pour la Princeſſe de Mantoüe ; une nouvelle rivale reveille toutes les douleurs ; elles augmentent chaque fois qu’on eſt obligé d’en prendre, parce qu’on y ajoûte celles qu’on avoit déja euës. Penetré de mille penſées differentes, elle ne ſuivit que celle que le dépit