Aller au contenu

Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

entre les mains, ſentant bien qu’elle aimoit mieux le voir ſoupirer pour une autre, que de ne le voir plus, & trouvant que tant qu’il ſeroit dans ſes Etats, elle auroit une eſpece de droit ſur luy ; l’ombre du moindre pouvoir eſt toujours quelque choſe pour une amante ; elle fit comprendre à Berranger que c’étoit en quelque façon eſtre maiſtre de la Sicile, que d’en avoir l’heritier en ſa puiſſance, mais comme l’intereſt de ſa tendreſſe ne dévoit pas eſtre negligé, elle voulut empeſcher la ſuite de celle qu’il avoit pour la Princeſſe de Mantouë, en preſſant le Roy de conclure ſon mariage avec Amaldée. Elle avoit toûjours differé d’en parler, de peur de ſe montrer trop intereſſée à la choſe, il eſt bien difficile de paroiſtre indifferente quand on ne l’eſt pas, mais cette occaſion eſtoit favorable, elle avoit parlé de renvoyer Federic, & elle evita de le méler dans cette avanture. Le Roy n’avoit rien ſçeu de ſa paſſion pour la Princeſſe de Mantouë, elle vivoit avec Amaldée d’une maniere à ne donner pas de lieu aux ſoupçons de gens indifferens. Le Roy