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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/19

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ſont à l’uſage des hommes, il y excella & parut le Prince le plus accomply de ſon temps. Sa taille quoy que fort grande pour une femme, paroiſſoit mediocre pour un homme, mais ſi pleine d’agreément qu’on ne pouvoit ſe deffendre d’en eſtre charmé, ſes jeux étoient noirs, brillans & doux, mêlez d’un feu, & d’une langueur engageante, enfin toute ſa perſonne eſtoit faite d’une maniere à inſpirer de la tendreſſe aux plus inſenſibles. Parvenu à cette ſaiſon où l’amour fait tant de deſordres, il commença de s’obſerver de plus prés, ſçachant bien que ſi cette paſſion étoit aſſez à craindre pour tout le monde, elle l’eſtoit encore plus pour luy, qui ſeroit obligé de garder des meſures tres-embarraſſantes avec ceux qui l’auroient rendu ſenſible. Il voyoit tous les jours quantité de Princes bien-faits, & s’étant examiné, il ne ſe trouvoit point encore de mouvemens qui luy paruſſent ſuſpects. D’ailleurs il crut que ſon déguiſement le mettant à couvert de la tendreſſe des Amans, le mettroit auſſi en ſeureté contre les atteintes de l’amour. C’eſtoit conter un peu trop là