Aller au contenu

Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/48

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

abois. La Princeſſe de Sicile étoit toûjours languiſſante par l’affliction d’Amaldée, à qui elle ne pouvoit ſouffrir cette langueur qui n’étoit point pour elle. Enfin tout gemiſſoit dans la Sicile, & l’on euſt dit que l’amour ſe vangeoit du déguiſement de la Princeſſe. Mais Camille étoit encore plus à plaindre, les frequens évanoüiſſemens que ſon cœur trop preſſé luy cauſoit, la perſuaderent que bientoſt elle trouveroit la mort favorable. Un jour aprés étre ſortie d’une ſueur froide qu’elle crut une avant-courriere de ſa fin, elle fit appeller ſon frere, & fit venir ſon époux, & les ayant fait aſſeoir à coſté de ſon lit, Prince, dit-elle, en regardant Ardalin, il n’eſt plus temps de rien deguiſer, je veux vous épargner le regret que vous auriez de ma perte, en épargnant peu ma memoire, trop heureuſe ! ſi l’aveu de mes foibleſſes ne vous la rendent point odieuſe. Je ne ſuis plus cette ſevere Camille, qui ſe faiſoit un ſcrupule d’aller plus loin que l’eſtime pour un Prince, qui devoit même étre ſon époux, j’ay reſſenty les plus vives atteintes de l’amour, ſi je l’oſe dire, pour