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Page:Bernard - Federic de Sicile.djvu/50

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ce moment ſi funeſte, & la violence des mouvemens de ſon ame fut ſi grande que la bleſſure qu’il avoit euë ſe rouvrit en cét inſtant ; il ne s’apperçeut point que ſes eſprits ſe diſſipoient, auſſi étoit-il bleſſé par un endroit plus ſenſible. Ah ! Princeſſe, luy dit-il, je ſens bien que vôtre indifference abrege une vie que je vous avois devoüée, & qui n’a pas été aſſez heureuſe pour vous plaire, je meurs, & plaiſe à la cruauté de l’amour de ſe contenter de ma vie & de n’étendre pas ſa vangeance ſur les jours d’une ſi belle Princeſſe. C’eſt aſſez que je luy ſacrifie la mienne qui fut tout à vous, mais qu’au moins mon dernier ſoupir puiſſe m’en attirer quelqu’un des vôtres, que ce ſoit au moins par pitié, & ne les refuſez pas à un Amant qui preſt d’expirer de tendreſſe, ne vous demande point autre choſe ; aprés cela une mortelle langueur le ſurprit, ſes jeux attachez ſur Camille montroient encore par leurs regards mourans toute l’ardeur imaginable, & firent ſortir un torrent de larmes de ceux de cette deſolée Princeſſe. Amaldée tâchoit de ſecourir Ardalin, & de rappeller ſes eſprits qui l’avoient