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la remplacer par l’arme à feu de l’homme civilisé. Les flèches empoisonnées et le curare ne se trouvent plus aujourd’hui que chez les tribus les plus farouches de l’Amérique du Sud, et il pourrait bien se faire que d’ici à un demi-siècle l’usage de ce poison et les procédés de préparation fussent complétement perdus.

Quant à son action sur les êtres vivants, le curare a toujours été représenté comme un poison violent dès qu’on l’introduit en contact avec le sang au moyen d’une plaie, mais inoffensif lorsqu’il est avalé et déposé dans les voies digestives. Les chairs des animaux tués par le curare sont en effet bonnes à manger et ne déterminent aucun accident.

On a dit que le curare était un poison aussi bien pour les végétaux que pour les animaux ; cela est inexact. D’autres ont admis, sur la foi des récits, que les exhalaisons de curare sont vénéneuses. Vers le milieu du siècle dernier, La Condamine racontait que la cuisson du poison était confiée à une vieille femme : si cette femme mourait, le curare était jugé de bonne qualité ; si elle ne mourait pas, on la battait de