Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/253

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En 1848, un jeune Brésilien qui suivait mes cours, le docteur Edwards, me donna du curare que l’on retira d’une calebasse en l’exposant à la chaleur pour ramollir et extraire le poison qui en tapissait les parois.

Plus tard, j’ai expérimenté avec du curare qui nous avait été rapporté à M. Magendie et à moi par M. Émile Carrey, et qui provenait des bords de l’Amazone, avec du curare du Venezuela que m’avait remis M. Bayer, et avec du curare de Para dont M. Boussingault m’avait fait part.

J’ai constaté pour tous ces curares de diverses provenances des effets toxiques tout à fait semblables, sauf peut-être des nuances dans l’intensité du poison qu’il serait difficile de bien caractériser.

Un des faits qui paraît avoir le plus frappé tous ceux qui ont parlé du curare est l’innocuité de ce poison dans les voies digestives. Les Indiens, en effet, se servent du curare comme poison sous la peau et comme médicament dans l’estomac. J’ai entendu souvent raconter à M. Boussingault qu’il avait connu dans son