Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’espèce différente. Il en est qui sont libres comme les globules du sang ; mais la plupart sont unis et soudés. Les éléments de même espèce se réunissent pour constituer nos tissus, et nos tissus se mélangent pour former nos organes ; les éléments d’espèce différente se soudent entre eux afin de pouvoir réagir les uns sur les autres et concourir avec harmonie à un même but physiologique. Néanmoins, dans toutes ces réunions ou soudures, aucun élément ne se confond avec son voisin ; ils s’unissent et restent distincts comme des hommes qui se donneraient la main. Chaque espèce d’éléments représente ainsi une véritable espèce d’individus qui dépend d’un tout auquel il est associé, mais qui a toujours son indépendance et sa vie propre, qui a sa manière particulière de se nourrir et d’être excité, qui a ses poisons spéciaux et sa manière spéciale de mourir. Enfin, comme on peut le dire d’un seul mot, chaque élément a son autonomie, mais autonomie inconsciente et enchaînée par un déterminisme absolu aux conditions physico-chimiques du milieu organique intérieur.