Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/281

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le poison ne parvient pas jusqu’aux voies qui conduisent aux éléments organiques.

Trois ans après le retour de Waterton en Angleterre, Brodie fit quelques expériences qu’il importe de mentionner. On inocula du curare à la jambe d’un âne, et il mourut en douze minutes. Sur un autre âne, on inocula le même poison, et de la même manière, mais après avoir placé un bandage autour de la jambe au-dessus de l’endroit où l’inoculation avait été pratiquée. L’âne marcha librement, comme à l’ordinaire, et il continua à manger sans s’apercevoir de rien. Au bout d’une heure on délia le bandage, et dix minutes après la mort avait saisi cet animal. Ces expériences, qui sont imitées de celles que Magendie avait faites pour d’autres poisons et qui ont été bien souvent confirmées, s’expliquent physiologiquement d’une manière très-simple : tant que le poison restait sous la peau de la jambe au-dessous de la ligature, il ne pouvait pas arriver au cœur, parce que cette ligature empêchait le sang veineux de passer et de l’y transporter. Le poison, avons-nous dit, n’est actif que lorsque, étant parvenu au cœur, il