Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/285

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

on ne trouve rien, et on croit que la cause de la mort est insaisissable.

C’est ce qui nous serait arrivé, si nous eussions fait l’autopsie de notre grenouille le lendemain : nous aurions eu un cadavre empoisonné par le curare qui ne nous aurait offert aucune lésion, qu’il nous eût été impossible de distinguer sous aucun rapport du cadavre d’une grenouille morte d’une tout autre manière.

Il en est autrement, ainsi qu’on le verra, lorsqu’on fait l’autopsie physiologiquement, c’est-à-dire en ouvrant l’animal aussitôt après la mort. C’est là un avantage des plus importants que présente seule la pathologie expérimentale, car ce que la morale interdit de faire sur nos semblables, la science nous autorise à le faire sur les animaux. L’homme, qui a le droit de se servir des animaux pour ses usages domestiques et pour son alimentation, a également le droit de s’en servir pour s’instruire dans une science utile à l’humanité.

En ouvrant la grenouille empoisonnée (fig. 9), je vis que son cœur continuait à battre. Son sang rougissait à l’air et présentait ses pro-