Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/306

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par les divers émonctoires et particulièrement par les urines, de sorte qu’après un temps suffisant tout le curare sera sorti du sang, et l’élément nerveux moteur, qui n’avait été qu’engourdi par son contact, mais non désorganisé, se réveillera en quelque sorte et reprendra ses fonctions dès que l’agent qui le paralysait aura disparu. Alors le rouage vital brisé sera raccommodé, et la machine pourra reprendre et entretenir seule son mouvement naturel.

Telle est l’explication très-simple du retour il la vie des animaux empoisonnés par le curare au moyen de la respiration artificielle.

En 1815, Waterton et Brodie inoculèrent du curare à une ânesse, qui mourut en dix minutes. On lui fit alors une incision à la trachée artère, et on lui gonfla régulièrement les poumons pendant deux heures avec un soufflet. La vie suspendue revint : l’ânesse leva la tête et regarda autour d’elle ; mais, l’introduction de l’air ayant été interrompue, elle retomba dans la mort apparente. On recommença aussitôt la respiration artificielle et on la continua sans interruption pendant deux heures encore.