Page:Bernard - La science expérimentale.djvu/69

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en nous montrant nettement que la limite de nos connaissances s’arrête au déterminisme ; mais, par une merveilleuse compensation, à mesure que la science froisse notre sentiment et rabaisse notre orgueil, elle augmente notre puissance. Le savant qui a poussé l’analyse expérimentale jusqu’au déterminisme d’un phénomène voit clairement qu’il ignore ce phénomène dans sa cause première, mais il en est devenu maître ; l’instrument qui agit lui reste inconnu dans son essence, mais il connaît la manière de s’en servir. Nous ignorons l’essence du feu, de l’électricité, de la lumière, et cependant nous en réglons les phénomènes à notre profit. Nous ignorons l’essence de la vie, mais nous n’en réglons pas moins les phénomènes vitaux dès que nous connaissons suffisamment leurs conditions d’existence. La seule différence est que dans les phénomènes vitaux le déterminisme est beaucoup plus difficile à atteindre, parce que les conditions sont infiniment plus complexes et plus délicates et qu’elles sont en outre combinées les unes avec les autres.

Le physicien et le chimiste, ne se plaçant pas