Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/24

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Le ſang qui de ſi près vous unit à la Reine,
Promet à vos déſirs la grandeur ſouveraine.

SOSTRATE.

La Reine m’a toujours marqué de la froideur,
Quoiqu’elle eût pour Attale une aſſez foible ardeur.

MILON.

Pouvoit-elle à vos vœux être plus favorable ?
Attale étoit pour elle un choix indiſpenſable.
Elle évitoit vos ſoins trop remplis de danger.
Pour un cœur aſſervi qui n’oſoit s’engager.

SOSTRATE.

De ma crainte ſecrette il faut que je t’inſtruiſe ;
Je crains qu’un autre amour dans ſon cœur ne me nuiſe.

MILON.

Un autre amour ! Seigneur, jamais de cette Cour
Les yeux les plus perçans ne virent cet amour.

SOSTRATE.

J’ai les yeux plus perçans que cette Cour entiere :
L’amour, l’ambition me prêtent leur lumiere,
Non que je ſois certain de ce que j’apperçois,
Je ne le ſçais pas tant, Milon, que je le crois :
Je le ſens, & toujours une ſecrete haine
Marque à mon cœur l’objet préféré par la Reine.