Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/26

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Oui, plutôt immolés à ma juſte colere,
Ils verront ce que c’eſt qu’un cœur qu’on déſeſpere.
Je n’épargnerai rien : j’ai du cœur, des amis,
Des deſſeins de regner dès longtems affermis,
De vrais droits ſur l’Épire ; & ſi je n’en ſuis maître,
J’empêcherai qu’un autre au moins ne le puiſſe être.

MILON.

Ne craignez rien, Seigneur : fiez-vous à vos droits ;
Ce Prince comme vous deſcend-t’il de nos Rois ?
Tandis que ſon aîné regne dans la Sicile,
Banni de ſon Païs l’Épire eſt ſon azile,
Sans appui, ſans ſoutien, étranger dans ces lieux.

SOSTRATE.

Je ſçai que j’ai pour moi mon rang & mes Ayeux ;
On ne peut me ravir le Trône avec juſtice,
Mais je crains de Phenix l’audace & l’artifice.
Il me hait ; & craignant de ſe voir mon ſujet,
Il pourroit de Gelon appuyer le projet.
À ce Rival d’ailleur attaché ſans réſerve,
Pour ſon propre interêt il faudra qu’il le ſerve.