Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/29

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Que la Reine a ſouffert ! qu’elle a verſé de larmes !
Ses pleurs de mon amour troubloient les plus doux charmes.
J’ai ſouhaité cent fois dans le fond de mon cœur
Souffrir plutôt ſes maux, & qu’elle eût mon bonheur.
Conçois-tu l’horreur d’être à l’objet de ſa haine,
Et peut-être elle aimoit pour comble de ſa peine.
Elle a trop murmuré contre un fâcheux lien,
Et l’on ne hait pas tant lorſque l’on n’aime rien.

PHÈDRE.

Qui pourroit-elle aimer ? Soſtrate qui l’adore
Nous fait voir tous les jours l’ennui qui le dévore.
Un Amant que l’on aime eſt-il ſi malheureux ?
Non, lorſqu’on le contraint de captiver ſes vœux,
Un autre caractere au moins eſt dans ſes plaintes.

LA PRINCESSE

L’honneur du Diadême a d’étranges contraintes.
La Reine a pû cacher le ſecret de ſon cœur
Sous les dehors cruels d’une fiere rigueur ;
Et l’on rend malheureux quelquefois ce qu’on aime,