Eſperez de gouter bientôt un plein repos ;
La conſtance eſt toujours la vertu des Heros.
Ah ! Phedre, les Heros n’écoutent que la gloire,
Et l’amour n’eſt pour eux qu’un ſujet de victoire.
Il me ſacrifira peut-être ſans ennui,
Helas ! & j’euſſe tout ſacrifié pour lui.
On lui va donc offrir un Trône & tous ſes charmes,
Quand je ne puis donner que mes vœux & mes larmes :
Quelle inégalité ! Ciel injuſte ! & pourquoi,
Puiſque j’aime un Heros, n’en puis-je faire un Roi ?
Mais…
Hé pourrois-je penſer qu’il me ſeroit fidelle ?
Quand il ſeroit conſtant, il ſera malheureux,
La Reine vengera le mépris de ſes feux ;
Une amante outragée, une amante qui regne.
Voilà tous les malheurs qu’il faut donc que je craigne,
Chere Phedre ; & tu vois que le moindre eſt celui
De le trouver fidelle, & n’être point à lui.