Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/43

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LA PRINCESSE.

Parlez, à tous les maux mon ame ſe prépare.

PHENIX.

Pour Gelon dès ce jour le Peuple ſe déclare ;
Peut-être de ſon ſort ce ſont là les apprêts ;
C’eſt ainſi que le Ciel prononce ſes Arrêts.

LA PRINCESSE.

Mais n’eſt-ce point plutôt qu’une brigue ſecrette
Produit en ſa faveur cette ardeur indiſcrette ?
Car on pourroit douter, quoiqu’il ait mérité,
Que ſans un Chef ce zele eût ſitôt éclaté.

PHENIX.

Jamais, vous le ſçavez, mon cœur ne ſe déguiſe ;
J’avoûrai cependant que ſans mon entremiſe,
Le Peuple pour Gelon a pris cette chaleur :
Tout reſſent en ces lieux les fruits de ſa valeur.
J’ai vû dans tous les cœurs le zele qui m’anime ;
Mais je l’ai fait parler, & je l’ai pu ſans crime.
S’il faut à ſes vertus encor quelque ſecours,
Qui de ſes grands deſtins favoriſe le cours,
J’y porterai l’ardeur que de ſoi-même inſpire
L’interêt d’un Heros ſi digne de l’Empire.
Imitez-moi, Madame, & faites-le regner ;
Mais ce n’eſt pas à moi d’oſer vous l’enſeigner ;