Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/88

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle eſt prête à choiſir une triſte retraite :
Et loin, de reconnoître une ardeur ſi parfaite,
Pourrois-je, profitant d’un ſi funeſte effort,
Regner par ſes malheurs, peut-être par ſa mort ?
Entre les bras de Phedre elle eſt preſque mourante.
Du deſſein qu’elle a fait tout ſon cœur s’épouvante.
Je vois couler ſes pleurs, ils demandent ma foi,
Et malgré ſes diſcours ce ſont eux que j’en croi.
Si je l’abandonnois au tourment qui l’accable,
Phenix, je me croirois un monſtre abominable.

PHENIX.

Quoi donc ! l’Epire en vain vous marque ſon amour ?
Tout le Peuple à grands cris vous demande en ce jour :
Et ſçavez-vous encor, Seigneur, que notre Armée,
De vos fameux exploits autrefois ſi charmée,
Fait par des Députés arrivés au Palais,
Au moment que je parle expliquer ſes ſouhaits ?
Pour l’interêt commun ils conjurent la Reine
De fixer de l’Etat la fortune incertaine ;
De nous donner un Roi qui puiſſe tout calmer :
Et pour tout dire enfin, Seigneur, de vous nommer.
Le Peuple qui déja vous a marqué ſon zele ;
Suit encor ſon exemple & députe comme elle.