Page:Bernard - Laodamie, reine d’Épire.djvu/95

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Qu’en ce moment cruel je viens de mettre au jour.
Que ne me donniez-vous, Ciel, une ame commune.
N’ai-je de la vertu que pour mon infortune.
Hélas ! faut-il prêter moi-même du ſecours
Aux deſirs d’un Ingrat qui m’offenſe toujours ?
Quoi ! même dans l’inſtant qu’il apprend que je l’aime,
Il vôle après ma Sœur plein d’une ardeur extrême.
Cependant loin de ſuivre un trop juſte courroux,
Je reconnois ma Sœur dans mes tranſports jaloux.
Il l’aimoit, il la trouve Amante généreuſe :
Mais qu’on l’eſt aiſément lorſque l’on eſt heureuſe !
Que je ſens de chagrins ! Ô jour plein de douleur !
La mort d’Attale, hélas, me devient un malheur.
Eſt-ce aſſez, Dieux cruels, quel ſouci me dévore ?
Si j’en crois mes frayeurs, que dois-je attendre encore ?