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correct. La province ne peut donner cette justesse d’expression, qui correspond à l’impression reçue. Il faut communiquer avec Paris de bonne heure pour apprendre à écrire. On verra peut-être ici une contradiction avec ce que nous avons dit plus haut en faveur de la province, mais ce serait à tort ; ceux qui vivent trop en province s’alourdissent, ceux qui vivent trop à Paris, se gâtent sous le rapport du cœur. C’est par un échange intellectuel entre la province et Paris, que l’idéal littéraire peut être atteint. Des journaux créés à Paris pour les écrivains de la province ont déjà commencé à remplir ce but.

À l’époque où Mme Burguerie composa la plus grande partie de ses vers, il y avait encore un abîme entre Paris et les départements. Ici, dès qu’un provincial envoyait un manuscrit, on lui parlait de Carpentras ou de Brive-la-Gaillarde, puis on mettait ses vers au panier. L’amélioration qui s’est produite vint trop tard ; Mme Burguerie ne put en profiter. N’ayant point appris à se concentrer, elle écrivait trop et jetait au hasard les fleurs de sa fantaisie, sans s’inquiéter si ces fleurs s’attacheraient au sol par quelque racine.

Sous le rapport du cœur elle était complète, et un cercle d’amis distingués en pourraient rendre témoignage. Mentionnons en premier parmi eux M. Lenz, organiste à Saint-Sulpice, qui sait donner à l’harmonium une expression admirable, et dont les belles compositions se publient en ce moment. À côté de lui nommons M. Folgavez, le plus ancien ami de Mme Burguerie à Paris ; le baron de Lamers, auteur de contes arabes d’une couleur piquante ; M. de Thoury, représentant d’une vieille famille Bretonne à laquelle plusieurs des inspirations de notre poëte sont adressées.

Parmi les amis étrangers, c’est-à-dire parmi ceux qui ne purent se trouver au lit de mort, nous n’oublierons pas M. Dousseau, membre de la société d’Études diverses du Havre, ni M. Béziers, professeur de rhétorique au Lycée de la même ville. Ce dernier a fait paraître, outre un recueil de poésies destiné à rester dans le cercle de l’intimité, un très-intéressant volume de prose, intitulé : les Lectures de Mme de Sévigné.

Malgré l’incomparable dévouement de Mme Lenz, qui s’établit jour et nuit auprès de la malade, Mme Burguerie fut enlevée, au mois de mai 1865, par un hydrothorax, et elle laissa ses amis dans la consternation. Son convoi, suivi par sa famille et par quelques intimes, arriva silencieusement au lugubre cimetière d’Ivry. C’est là qu’elle repose. En hiver, la neige viendra couvrir sa tombe, au printemps, les fleurs y répandront leurs arômes, mais de son âme rien n’est perdu, elle a laissé la meilleure partie d’elle-même dans ses poésies, et c’est là que ses amis la retrouveront toujours.


DU MÊME AUTEUR :

Dictionnaire mythologique, traduit de l’allemand de Jacobi. — Paris, Didot, 1846.
Étude sur les variations du polythéisme grec. — Paris, Franck, 1853.
Histoire du polythéisme, 1re livraison. — Paris, Franck, 1854.
La couronne de Saint-Étienne, scènes hongroises, du XVe siècle. — Paris, Krabbe, 1854.
Les rêves du Commandeur. — Paris, Krabbe, 1854.
Adorations, poésies. — Paris, Krabbe, 1855.
Poésies nouvelles. — Paris, Vanier, 1857, couronnées par l’Académie française.
Lettre sur la poésie. — Paris, Vanier, 1857.
Le mouvement intellectuel au XIXe siècle. — Paris, Vanier, 1858.
Poésies mystiques. — Paris, Vanier, 1858, couronnées par l’Académie française.
Béranger à Passy. — Genève, 1858.
Voyage dans la vieille France, de Jodocus Sincerus, traduit du latin. — Paris, Vanier, 1859.
La Lisette de Béranger, avec un beau portrait par Staal. — Paris, Bachelin, 1864.
Notice sur Rodolphe Turecki. — Paris, 1864.
Histoire de la Poésie. — Paris, Dentu, 1864, placée par ordre du maréchal Vaillant, dans les principales bibliothèques de l’Empire.
Orphée aux Enfers, parodie, Paris, 1868.
Mélodies pastorales, cinq livraisons (1856-1868), recueil admis à l’Exposition universelle de 1867, classe de l’Enseignement populaire.
souscripteurs :

Le lieutenant-colonel Staaff ; le marquis de Laincel ; Foucault, professeur de sanscrit ; le docteur Delpech ; Ferdinand de Lanoye ; Pécontal ; Levasseur ; Burgade, bibliothécaire de la ville de Libourne ; Ludovic Lalanne ; Adam Salomon ; Jules Simon ; Alfred Arago ; Madame Loreilhe de Zaigelius ; Édouard Fournier ; Magnabal ; Louis Goujon, homme de lettres ; Thiers, de l’Académie française ; Ernest Lafond, homme de lettres ; Madame la comtesse de Bryas ; le docteur Chanet ; Adolphe Paban, homme de lettres ; l’abbé Fayet ; Nisard, sénateur ; de Longpérier, de l’Institut ; Henri Renard, homme de lettres ; Laurent Pichat ; Patin, de l’Académie française ; le marquis de Lonlay ; Favier, homme de lettres ; Ad. Regnier, de l’Institut ; Edélestand du Méril. ; Chevallier, chef d’institution ; Lebrun, sénateur ; le vicomte de Rougé ; le docteur Piorry ; Paul Juillerat ; Nourrisson, professeur d’Université ; Eug. Pelletan, du Corps législatif ; Ravaisson, inspecteur d’Université ; la marquise de Saffray ; Berlioz ; Dehèque, homme de lettres ; Dollfus, homme de lettres ; Mérimée, sénateur ; Eugène Mathieu ; Ferdinand Denis ; Ambroise Didot ; Brunet de Preslen ; Pauthier ; Rathery ; le colonel Esménard ; Huillard-Bréholles ; Antier ; Amédée Pichot ; Antony Méray, Dupiney de Vorrepierre ; Lafitte, professeur d’astronomie ; Auguste Barbier ; Louis Veuillot ; Alfred Nettement ; Auguste Bernard, homme de lettres ; Michel Chevalier, sénateur ; le baron Larrey ; le vicomte H. de Laborde ; Mourier, vice-recteur de l’Université ; Charles Nisard ; Alfred Maury, de l’Institut ; Émile Augier ; Charles Rabou ; Laverdant homme de lettres ; Octave Feuillet ; Vinet, bibliothécaire de l’École des Beaux-Arts ; Champfleury ; Jacquinet, inspecteur général des Études ; Desbarrolles ; Corbon ; Legouvé ; Jalabert ; Jules Sandrau ; Vapereau ; Rapetti ; Berryer, de l’Académie française ; Émile Barrault ; Ravenel ; Baltard, de l’Institut ; Mignet, de l’Académie française ; Chavée ; Auber, directeur du Conservatoire ; Franck, de l’Institut ; Granier de Cassagnac ; Bourquelot, de l’École des Chartes ; Louis de Loménie ; Camille Flammarion ; de Sainte-Beuve, sénateur ; Goumy, directeur de la Revue de l’Instruction publique ; la Bibliothèque du Sénat ; le général Ambert, sénateur ; l’abbé Pont ; Mademoiselle Adelina Patti ; Crémieux ; le baron Oscar de Watteville ; de Pompéry ; Amédée Achard ; Félicien David ; Caro ; Victor Borie ; de Forgues ; Adolphe Joanne ; le marquis de Chennevières ; Stephen-Liégeard, membre du Corps législatif ; Félix Bouquet, conseiller d’État de l’Empereur de Russie ; Viollet-Leduc, de l’Institut ; Mistral ; Laboulaye, de l’Institut ; le comte Caffarelli ; Demangeat, professeur de droit ; le comte de Carné, de l’Académie française ; Jules Favre ; le baron Henri Blaze ; Béziers, professeur de rhétorique ; Nadar ; Garcin de Tassy, de l’Institut ; Léouzon-le-Duc ; Charles Emmanuel ; le vicomte de Baumefort ; Sax ; Georges Garnier, homme de lettres ; le baron Guerrier de Dumast ; Achille Millien ; Amédée de Roussillac ; Pietri ; Guizot, de l’Académie française ; Édouard Corbière, président de la Chambre de commerce de Morlaix ; Louis d’Étocquigny ; Mademoiselle Nathalie Blanchet ; Saint-René Taillandier, professeur au Collège de France ; Dumas, de l’Institut, sénateur ; Isidore Cahen ; Isaac Hillel ; le comte de Pontmartin ; Ernest Hamel ; Horn ; Madame Guy ; le prince de Broglie ; Lemaire, auteur de la Philosophie de la Liberté ; Robert-Dutertre ; le marquis de Chaumont ; la baronne de Düben ; Trébutien ; Raoult ; Victorien Sardou ; le colonel Lecomte, de Lausanne ; Alexandre Cosnard ; Prosper Delamarre ; Gallet de Kulture ; Germain Delavigne ; Demmin ; Madame Ségalas ; Desnoiresterres ; Gourdon de Genouillac ; Oscar Honoré ; Balard, inspecteur de l’Université ; Charles Fillon ; Léon Guérin ; le Dr Bélouino ; Eug. Loudun ; Waddington, de l’Institut ; Wolowski, de l’Institut ; Mermet ; Paul de Musset ; Marchal de Calvi ; la baronne de Montaran ; Louis Moreau, bibliothécaire à la Mazarine ; Sédillot ; Naudet, de l’Institut ; Rondelet, professeur d’Université ; Eug. Talbot, traducteur de Lucien ; Littré ; Alfred Curtet, de Nantua ; le comte de Vogué ; Francis Wey ; Maquet ; Dupuy de Lôme ; Vincent, de l’Institut ; Regnault, de l’Institut ; Germond de Lavigne ; de Vaucelles, président de l’Union des poëtes ; Autran, de l’Académie française ; Viennet ; le vicomte de la Villemarqué ; Prosper Blanchemain ; Émile Fage, de Tulle ; Louis Martin ; Halévy ; Henri Martin ; G. de la Landelle ; Frédéric Thomas ; Charles Deslys ; Eug. Manuel ; de Goncourt ; Vacquerie ; Boulmier ; Madame Penquer ; le major Pittié ; l’abbé Henri Bellot ; Édouard l’Hôte, vice-président de l’Académie de Dunkerque ; Francisque Sarcey ; Vincent Coat, ouvrier poète, de Morlaix ; Duvelleroi ; la comtesse de Gasparin ; Meyer, inspecteur de l’Instruction primaire ; le docteur Hoefer ; Dallière, bibliothécaire de la Sorbonne ; Moxavon ; Eugène Bazin ; Jules de Gères ; Auguste Chastan ; Fleury, secrétaire de la mairie du Hâvre.

POUR PARAÎTRE PROCHAINEMENT :
La Confession d’un Mystique. Cet ouvrage, d’une dimension très-étendue, est composé à un point de vue objectif, et comprend moins des récits personnels, que le tableau complet de la société au XIXe siècle. L’auteur y met en relief les personnages éminents qu’il a connus, les alchimistes d’Avignon, Lamennais, Béranger, Auguste Comte, le Père de Ravignan, et fait, en racontant la Révolution de Février, l’histoire des doctrines qui la préparèrent, en montrant la liaison de celles-ci avec le mouvement littéraire et social de la Restauration. De nombreux paysages, empruntés soit au Midi, soit au Nord de la France, donnent à ce livre un caractère d’art, sans que, par là, il perde jamais rien sous le rapport de la vérité historique.

saint-denis. — typographie de a. moulin.