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PAUL

alors les peines secretes de son amour s’échappent comme par une barriere ouverte, et les doux épanchements de la confiance succedent aux réserves et aux mysteres dont elle s’environnoit. Virginie, sensible aux nouveaux témoignages de bonté de sa mere, lui raconta quels avoient été ses combats, qui n’avoient eu d’autres témoins que Dieu seul ; qu’elle voyoit le secours de sa providence dans celui d’une mere tendre qui approuvoit son inclination, et qui la dirigeroit par ses conseils ; que maintenant, appuyée de son support, tout l’engageoit à rester auprès d’elle, sans inquiétude pour le présent, et sans crainte pour l’avenir.

Madame de la Tour voyant que sa confidence avoit produit un effet contraire à celui qu’elle en attendoit, lui dit : « Mon enfant, je ne veux point te contraindre ; délibere à ton aise ; mais cache ton amour à Paul. Quand le cœur d’une fille est pris, son amant n’a plus rien à lui demander. »

Vers le soir, comme elle étoit seule avec Virginie, il entra chez elle un grand homme vêtu d’une soutane bleue. C’étoit un ecclésiastique missionnaire de l’isle, et confesseur de madame de la Tour et de Virginie. Il