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PAUL

suspendirent des pieces d’étoffes aux arbres voisins, suivant l’usage de leur pays ; des Indiennes du Bengale et de la côte Malabare apporterent des cages pleines d’oiseaux, auxquels elles donnerent la liberté sur son corps : tant la perte d’un objet aimable intéresse toutes les nations, et tant est grand le pouvoir de la vertu malheureuse, puisqu’elle réunit toutes les religions autour de son tombeau !

Il fallut mettre des gardes auprès de sa fosse, et en écarter quelques filles de pauvres habitants, qui vouloient s’y jeter à toute force, disant qu’elles n’avoient plus de consolation à espérer dans le monde, et qu’il ne leur restoit qu’à mourir avec celle qui étoit leur unique bienfaitrice.

On l’enterra près de l’église des Pamplemousses, sur son côté occidental, au pied d’une touffe de bambous, où, en venant à la messe avec sa mere et Marguerite, elle aimoit à se reposer assise à côté de celui qu’elle appeloit alors son frere.

Au retour de cette pompe funebre M. de la Bourdonnais monta ici, suivi d’une partie de son nombreux cortege. Il offrit à madame de la Tour et à son amie