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Page:Bernardin de Saint-Pierre - Paul et Virginie, Didot, 1806.djvu/97

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( lxxxv )

et active avec la terre. Son mois est une petite année qui a dans ses quatre phases, quatre saisons. Ses harmonies forment la douzieme partie de celles du soleil, et elle les exerce sur les sept puissances de la nature qui regnent sur notre globe. Je m’en suis convaincu par un grand nombre d’observations. Je la considere donc avec sa forme variable et dans sa course oblique comme une navette céleste, chargée de lumiere par le soleil. Elle forme de ses fils d’argent, dans le cours du mois, la trame de ce magnifique réseau dont le soleil fournit la chaîne d’or, dans le cours de l’année. La providence y attacha les germes de tout ce qui est organisé, en environna notre globe ; et, par des harmonies lunisolaires et solilunaires qui s’entrelacent sans cesse, en développe, dans le cours des siecles, les formes, la vie, et les générations.

Si de la lune nous nous élevons jusqu’au soleil, nous verrons combien nous sommes encore nouveaux dans l’étude de la nature. Les anciens croyoient que cet astre étoit un dieu jeune et charmant, monté sur un char attelé de quatre superbes coursiers, par la main des Heures, et devancé de l’Aurore, qui répandoit devant lui des corbeilles de roses, sur l’azur des cieux. Il parcouroit ainsi la terre d’orient en occident, et alloit se reposer, tous les soirs, dans les bras de la belle Thétis. Les modernes pensent aujourd’hui que c’est une fournaise d’un million de lieues de circonférence, qui tourne sur elle-même. De temps en temps cet astre demi-liquéfié détache de sa circonférence, dans son mouvement de rotation, à l’aide du choc d’une comete, quelques gouttes d’une matiere vitrifiée, qui s’arrondissent