A l’issue de la représentation, il me fut remis un peigne d’or portant la date gravée et les noms de la plus grande partie de mon auditoire.
Je reçus de Salvini un joli coffret de lapis ; et de Mary Anderson, alors dans l’éclatante beauté de ses dix-neuf ans, une petite médaille avec un « Ne m’oubliez pas » en turquoises. Je comptai dans ma loge cent trente bouquets.
Le soir, nous donnions notre dernière représentation avec La Dame aux Camélias. Je dus revenir saluer le public quatorze fois.
Puis je restai un instant confondue, car, dans la tempête des cris et des bravos, j’entendais un cri strident prononcé par des centaines de bouches et auquel je ne comprenais rien. Je demandais après chaque rappel, dans la coulisse, l’explication de ce mot qui m’arrivait comme un effroyable éternuement se recommençant sans cesse.
Jarrett, survenant, me tira d’embarras. « Ils demandent un speech. » Et, comme je le regardais ahurie : « Oui, ils demandent que vous leur fassiez un petit speech. — Ah ! non, m’écriai-je, en retournant en scène saluer à nouveau. Non ! » Et dans mon salut au public, je murmurai : « I can’t speak ; but I can tell you : thank you ! thank you ! with ail my heart ! »
Ce fut dans un tonnerre d’applaudissements soulignés par des « Hip ! Hip ! Hurrah ! Vive la France ! » que je quittai le théâtre.
Et le mercredi 4 mai, je m’embarquai sur le même transatlantique, l’Amérique, le vaisseau-fantôme auquel mon voyage avait porté bonheur.
Mais ce n’était plus le même commandant. Le nouveau se nommait Santelli. Il était aussi petit, aussi