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au large de l’écueil

la poitrine, on a figuré, dans un bloc énorme, le cœur dont Sainte-Anne de Beaupré répand le fécond amour sur le Canada catholique. C’est que celui-ci est toujours fidèle aux apôtres vivant dans le Carrare immaculé de la chaire. Un Rédemptoriste, dont la voix tonnait dans les voûtes profondes, a parlé du Christ par lequel ils devinrent universels et dont la messe vingt fois séculaire prépare son mystère au grand autel. Les chasubles de pourpre et les surplis de neige évoluent selon la volonté des rites. Les volutes floconnent de l’encensoir que l’officiant manie en cadence, et on dirait que les anges, à genoux sur le baldaquin élevé qui s’efface, battent de l’aile sur un nuage radieux. En effet, le chœur est un éblouissement de feux électriques : ils courent au-dessus des stalles mordorées, jaillissent tout autour de l’autel où les ornements sacrés ont des éclairs de perles et les cheveux du curé la blancheur des lys au soleil. Les paysans ignorent que la féerie des lumières et le ronflement de l’orgue ne sont qu’une même substance à des degrés vibratoires divers. Il leur suffit de la sensation confuse que les unes versent la clarté dans leurs cerveaux simples et que l’autre