Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
157
au large de l’écueil

— Mes amis, leur dit-il, il faut que je m’absente un peu… Vous n’ignorez pas que l’abbé Lavoie fut toujours l’ami de ma famille… Il faut que j’aille le voir !… Je vous demande pardon, j’aurais aimé à vivre au milieu de vous toutes les minutes qui nous séparent du triomphe… Je reviendrai !… À bientôt !…

— Vive Hébert ! Vive le Patriote ! crient les campagnards, dont les yeux chargés d’orgueil et d’amour le reconduisent…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Le coup de trois heures sonne allègre et sans hâte au cadran de l’horloge antique. Il semble que les fureurs de vivre et les violences de l’homme ne pénétrèrent jamais dans la bibliothèque du vieux presbytère. La paix la plus délicieuse et la plus intime se diffuse dans l’atmosphère, circule autour des livres dont les cases mordorées fourmillent, glisse le long des tapisseries vert mousse, enveloppe les scènes agrestes qu’une frange d’or encadre au mur, niche dans les profondeurs molles des fauteuils de chêne, plane au-dessus du tapis vert olive, flotte autour des menus objets disséminés sur la table aux veinures luisantes, le coupe-papier d’ambre, l’encrier d’ar-