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au large de l’écueil

venir horrible… Il ne faut pas que la gangrène du désespoir te gruge l’âme et que tes nerfs sombrent… Tu entends, mon fils, ta race et ton pays ont besoin de ton épaule qui ne doit pas casser !… Ton cœur va connaître les affres du martyre, mais tu es l’homme pour en sortir trempé comme du fer !… Tu aimeras ta race et ton pays de tout l’amour que tu auras étranglé aux profondeurs de ton être !…

— Que vous êtes beau, quand vous parlez ainsi ! En vous regardant, je me sens plus inébranlable… Non pas que j’aie faibli : pas un instant, je n’eus la pensée molle de sacrifier ma patrie et ma race au bonheur de l’individu chétif que je suis… Mais c’est bon, quand on souffre, d’avoir quelqu’un dont les larmes comprennent les vôtres, et quand on a besoin d’être invincible, d’entendre des mots dont la flamme vous soulève au-dessus de votre misère !… En vous écoutant, je sais que je serai fort, que rien ne me brisera !…

— En t’écoutant, je sais que tu seras fort, que rien ne te brisera !… Je ne veux pas t’énorgueillir, mais nous avons besoin de ton enthousiasme et de ta foi !… Le Canada, s’il veut devenir