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au large de l’écueil

Va, mon fils, n’aie peur de personne et de rien, fais aimer ta race par ta noblesse et ton courage, sois vainqueur à force d’éloquence et de clarté !

— Vos paroles font circuler dans mes veines je ne sais quel délire ardent !… Je suis trop faible pour la mission dont vous m’alourdissez les épaules, mais je mettrai tant de constance et d’amour à semer la graine, que d’autres plus puissants que Jules Hébert arroseront le sol et la rendront féconde !…

— Avant tout, mon fils, il va te falloir lutter contre cette femme, contre le souvenir amollissant…

— Pauvre Marguerite ! murmure le jeune homme, avec un abattement douloureux.

— C’est vrai, j’oubliais qu’elle t’aime aussi…

— Et qu’elle va souffrir… Ce n’est pas de la fatuité, cela… Du moins, j’aurai l’action pour m’étourdir… Mais elle ?… Peut-être les voyages apaiseront-ils sa douleur… Ah ! pourquoi se rencontrer pour se broyer l’âme ?…

— Parce que l’épreuve durcit… Ton énergie sera plus riche, aura plus de poigne !…

— Je verrai mon père tout-à-l’heure, je puis