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au large de l’écueil

croupes gracieuses dans la clarté bleue, les villages, au loin, s’auréolent de rayons tendres. Une allégresse vive miroite sur le visage des quelques promeneurs sur la Terrasse lumineuse. Champlain s’anime dans le bronze, et c’est peut-être la fanfare des cloches innombrables qui fait passer des souffles de vie dans sa chevelure.

Marguerite adore le son des cloches canadiennes. Elles lui arrivent de partout, ce matin-là. Une plainte mélancolique vient à elle de la côte de Beaupré lointaine, une rumeur plus joyeuse accourt de Saint-Pierre-de-l’Île et de Sainte-Pétronille, une harmonie enthousiaste s’élève des clochers fraternels de Beauport et des églises de Lévis, le carillon de Saint-Romuald murmure dans la distance, et les clochers de Québec unissent leurs voix prochaines en une salve éclatante. Elles sont, les cloches vivantes, l’emblême triomphal d’un pays de foi profonde. La jeune fille sait pourquoi le paysage magique et la mélodie grandiose répandent l’extase au fond de son être. Elle ne peut les séparer, l’une et l’autre, du jeune Canadien qui lui chanta l’une et lui dévoila le mystère de l’autre. C’est beaucoup moins le grand fleuve qu’elle regarde et les clochers des