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Page:Bernier - Au large de l'écueil, 1912.djvu/236

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au large de l’écueil

tout, nous vivrons heureux comme toujours avant lui…

— Je ne puis vous promettre de l’oublier, mon père, je ne suis pas de celles qui, l’ayant juré, trahissent le serment du souvenir !… Demain, je devais lui jurer de ne jamais l’oublier… Il m’a dit que, des hauteurs du Cap Tourmente, on a le tableau le plus merveilleux… Nous irons là, nous échangerons l’adieu de nos âmes… Ma peine sera plus douce, et ce sera plus facile, tous les deux, père, d’être heureux comme toujours avant lui…

— Quel est donc cet art infernal avec lequel il a rivé ton âme à lui ?… J’essaye de ne pas le haïr, et c’est plus fort que moi, je l’abomine !… Non, décidément, il ne te reverra pas ! Je vais annoncer le départ à ta mère !…

De nouveau, Marguerite est secouée par des sanglots violents. Gilbert, défaillant sous la plainte douloureuse, ferme son cœur pour qu’elle n’y pénètre pas.

— Enfin, me voilà prête, s’écria Madame Delorme, qui faisait tout-à-coup irruption dans le petit salon. Apercevant les traits décomposés de