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au large de l’écueil

— Que sont-elles devenues, les semaines dont la vision était si douce ?…

— Elles me prodiguèrent un bonheur dont je les remercie de toute mon âme, répond-elle.

— Hélas ! on ne ressuscite pas de telles heures qui ne revivront plus jamais !…

— Non, Jules, elles vivront toujours, aussi longtemps, du moins, que je vivrai moi-même !…

— Est-ce un doute que vous avez de moi, Marguerite ?…

— Si je doutais de vous, je ne vous dirais pas de pareilles choses !… Je suis trop orgueilleuse pour mendier un souvenir !…

— Votre confiance ne s’égare pas… Il suffit de vous avoir connue, pour vous donner largement le meilleur souvenir… Ce n’est pas une aumône qu’on vous jette, c’est un devoir qu’on vous rend !…

— Oh ! que je voudrais vous écouter longtemps ! L’heure est trop vertigineuse !… Comment s’y prirent-ils, autrefois, pour arrêter le soleil ?…

— Il s’agissait d’une victoire à gagner… Inutile de commander au soleil, nous ne triompherons pas du destin…