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au large de l’écueil

border… On ne me donna pas ce qu’on m’avait promis, j’écartai le mirage… J’avais un talisman contre le mensonge et le dégoût, un portrait de jeune fille par Greuze que je garde suspendu au mur de ma chambre… Et sans avoir eu la folie d’aimer une image inerte et vaine, je m’abandonnai souvent à l’illusion que mon idéal palpitait dans la chevelure fauve et le visage ardent… Il rayonnait d’elle tant de flamme pure, d’âme fine et d’espoirs nobles, que j’espérai souvent la voir quitter le cadre glacial et s’en aller m’attendre sur la route… Oui, Marguerite, elle vit, l’image de Greuze, et je l’ai rencontrée… Toute mon âme l’a reconnue, le jour où, merveilleuse dans un vêtement de lys, elle vint prendre place tout près de mon cœur… Dès lors, j’ai vécu autrement, d’une vie plus large, plus complète, où frémissaient des émotions nouvelles… Ce ne fut pas la même façon de vivre, lorsque je reposais mes yeux dans le calme des vôtres… Oui, j’ai vécu autrement, d’une vie plus harmonieuse, depuis que j’ai entendu votre voix qui module et berce… Oh ! la nouvelle et grisante façon de vivre, à recevoir la révélation de votre âme délicate et charmante !… Votre image est