la vertu. Elle était son argument suprême contre ses adversaires. Il l’avait façonnée à l’image de son idéal, et l’empreinte resterait toujours. Sans doute, elle était lui, mais sans la haine.
— En effet, Monsieur, dit Gilbert, accueillant le jeune Canadien, ce fleuve n’est pas un magicien ordinaire, il permet aux gens de vivre sans manger… Vous arrivez bien ! Madame Delorme aimerait à savoir l’accueil que les émigrants font à leur nouvelle patrie…
— Dans les yeux tristes des uns, Madame, ce doit être la vision de leur patrie qui demeure… Les autres entrevoient le Canada dans un mirage d’or… Il y a des familles entières, regardez celle-ci… des Slaves peut-être… N’est-ce pas un groupe touchant ? Ils viennent à la conquête du pain… De ses petites mains, le bébé salue la rive… Ils s’attacheront au sol qui leur donnera le bonheur…
— Oh ! l’apprivoisement de certaines races est douteux, dit Gilbert.
— Nous ne désespérons pas…, reprit Jules. L’âme canadienne grandit… Elle les pénétrera de sa force… Elle se résume en un mot : l’amour du pays dans l’autonomie des races…