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au large de l’écueil

s’Il n’existait pas, murmure doucement Marguerite. Il n’est pas naturel de vouloir étrangler un mythe, écraser de la fumée… Plus vous le niez, plus Il existe en vous… Que je suis heureuse de ne jamais L’avoir haï !… Ne soyez pas violent, mon père, n’ayez pas de chagrin, vous L’aimerez bientôt !…

— Jamais, te dis-je !… Ainsi, tu crois à Lui ? Il t’a ensorcelée ?

— N’allez pas plus loin, mon père, je vous en supplie, au nom de ce qu’il y eut de plus tendre et de plus doux entre nous !… J’ai cru, à votre accent, que vous alliez me maudire !… Il ne faut pas faire cela, je n’y pourrais survivre… Pardonnez-moi, je devine toute la peine dont je vous accable, il faut me comprendre, absoudre !… Que n’ai-je le mot qui persuade ! Que ne puis-je vous étaler le mystère de ce qui change mon âme !… Est-ce ma faute, si je ne puis vous expliquer comment Il m’a prise et comment je L’aime ?… J’essaye de ne pas croire à Lui, c’est impossible, Il est là, je L’entends, je veux Le garder !…

— Je rêve, c’est un cauchemar !… Tu me di-