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au large de l’écueil

— Il ne prie jamais, mon visage, mais il a pitié !… Je désire que les clochers restent debout !… Ils parlent d’idéal… Quelque chose rayonne autour d’eux : ce doit être l’amour de ceux qui croient et qui les aiment !…

— Pour nous, c’est la présence universelle du Dieu que nous adorons qui les entoure… Je respecte votre incroyance, Mademoiselle… Mais je suis heureux que vous réprouviez ceux qui font taire les cloches et crouler les clochers !…

— Vous allez trop loin… Il est vrai que mon père déteste les clochers… Le son des cloches l’exaspère… Cela me peine de le voir aussi impitoyable !… Je n’ose lui faire le reproche de mon cœur… Il ne comprendrait pas !… Songez donc, il m’adore, et ma pitié l’affligerait tant !… Et d’ailleurs, je l’admire !… Il est sincère : il est, si vous me permettez l’expression, un missionnaire de la libre-pensée !… Il veut abattre vos clochers, tout comme vos missionnaires mettaient les idoles en pièces !… Tout simplement, je voudrais plus d’amour dans son grand zèle !…

— Me ferez-vous un crime d’être franc ? dit Jules, avec tristesse. Soyez certaine que je ne