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au large de l’écueil

idéal ! s’écrie la jeune fille. Et la femme en moi le veut de toute son ardeur !…

— Celui de l’amour libre…

— Vous l’avez en horreur, n’est-ce pas ?…

— Je le regrette pour vous, tout simplement, répond Jules, en la regardant avec tristesse.

— Pourquoi vous alarmer ainsi ?…

— Si je vous ai bien comprise, vous désirez la félicité complète… Vous avez rêvé, Mademoiselle : on se repent souvent d’avoir rêvé, d’avoir eu de grands espoirs…

— Eh bien, non, je ne serai pas déçue !… Je ne le veux pas, moi !… J’ai, dans le plus intime de mon être, la soif du bonheur !… Il viendra, il faut qu’il vienne, je sais, je suis certaine qu’il viendra, je vis pour qu’il vienne !…

— Je vous le souhaite avec toute la sincérité de mon âme ! reprend son ami. Et bien que vous ne croyiez pas à la prière, je prierai pour qu’il vienne… Mais j’ai peur… L’amour libre, c’est l’instinct… Si votre instinct s’égare, si vous placez mal votre rêve, le cœur vous saignera toute la vie…

— Vous vous inquiétez inutilement, dit-elle. Quand je confierai à un homme le plus profond