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IV


Presque seuls au bout de la jetée de Sainte-Anne-de-Beaupré, deux jeunes filles et un jeune homme attendent un bateau lourd de pèlerins. Les cloches de la Basilique éclatent dans le matin lumineux. Ils écoutent, avec un ravissement profond, le son large, enlevant, aux harmonies sans nombre. Il va répandre la joie saine dans les foyers des alentours, animer les échos de la montagne, éveiller le chasseur dans les camps de bois rond. Il vibre de mille accords émouvants : l’allégresse des naissances, la cantate des amours bénis, l’accueil enthousiaste des pélérinages, l’hymne délirant des miracles se mêlent en une clameur immense qui fait palpiter l’espace, électrise les êtres et rejoint les cantiques enflammés sur le fleuve.

— C’est à rendre folle, ce chant, cette lumière et ces cloches ! dit Jeanne Hébert à ses compagnons.

— Tout cela m’empoigne, ajoute Marguerite